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Réflexion sur la gestion du temps libre : l’injonction sociétale à la rentabilité

Quand l’absence de travail rémunéré devient source de culpabilité

Analyse n°342 de Sandra Murru - octobre 2018


Gérer pleinement et consciemment son temps libre, est l’un des thèmes de réflexion abordé durant l’un de nos ateliers en éducation permanente en région hennuyère. Notre projet « Bulle d’air », espace de réflexion sur le temps libre, a vu le jour d’avril à juin 2018. Au sein du groupe de travail, nous avons pu réfléchir aux besoins de notre corps, à nos envies de profiter pleinement de notre temps, mais également aux effets négatifs et positifs occasionnés par l’omniprésence des écrans.
Idéalement, nos participants aimeraient que le temps libre soit un espace de création. Force est pourtant de constater qu’il se limite plutôt à une contrainte de tâches obligatoires à remplir. Même lorsqu’on est sans emploi, on n’a pas une minute à soi et le temps se structure en référence à la sphère du travail. Les participants nous parlent en effet de leur culpabilité de ne pas être intégré au marché de l’emploi et de l’(auto)obligation de bouger, d’être actif coûte que coûte et de montrer l’envie de retourner sur le marché de l’emploi dès que possible.

Et pourtant, au sein du groupe, on sent à quel point il est difficile de prendre réellement sa vie en main et les limites du pouvoir d’agir. Loin d’être les bras croisés, les participants ont envie d’être reconnus et valorisés pour les avancées qu’ils accomplissent au quotidien, un encouragement dont ils ont besoin pour se construire un avenir taillé à l’image de leur envie et de leur besoin.

En fin d’atelier, les participants nous parlent de leur volonté de vouloir se réapproprier leur temps libre. Ils pointent également l’importance du relationnel car bien souvent dans une société fondée sur le travail rémunéré, lorsqu’on est écarté de la sphère travail, l’isolement se fait vite ressentir. On sait pourtant combien le réseau social peut vite faire défaut (ou, au contraire, faire toute la différence) dans un contexte de pénurie d’emploi. Comme l’a très bien résumé un de nos participants, « tout changement débute par une rencontre ». Un contexte collectif dans lequel notre travail d’éducation permanente prend tout son sens…

 

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Sandra Murru est sociologue.

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