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La ville de l'Aurore

au regard du mouvement des Villes en Transition

Analyse n°397 de Denis Linckens - janvier 2020


Il est cinq heures du matin. C’est l’heure. Nous prenons nos sacs à dos et un ami nous conduit à l’aéroport. Nous nous sentons à la fois excités et angoissés à l’idée d’aller là-bas, un endroit à propos duquel nous avons lu de nombreux témoignages mais que nous ne connaissons pas encore. Ce lieu se trouve à des milliers de kilomètres de chez nous et porte le nom d’Auroville, aussi nommé la ville de l’aurore. Elle se trouve dans le sud de l’Inde, près de Pondichéry, un ancien comptoir français. Il reste dix minutes avant l’embarquement. Le moment est arrivé. Nous ne pouvons plus reculer. Nous rentrons dans l’avion, de nombreuses questions à propos d’Auroville viennent s’amarrer au niveau de notre pensée : « Qu’est-ce qu’Auroville ? Qui sont ces hommes et ces femmes formant cette communauté ? Comment allons-nous être accueil-lis  ? Pourquoi un nom si occidental pour une communauté se trouvant en Inde ? Comment cela se fait-il qu’Auroville existe toujours depuis 51 ans ? ».
Pour nous guider dans l’analyse de cette ville, nous avons décidé de prendre comme boussole le mouvement « des Villes en Transition ». Ce mouvement est né en 2005 dans une petite ville du sud-ouest de l’Angleterre, Totnes. Rob Hopkins, professeur de permaculture 1 est à l’origine de celui-ci. Si Totnes est souvent considérée comme la première ville en transition, Auroville pourrait bien lui dérober la première place puisque celle-ci a été créée il y a plus de 50 ans, en 1968.
Après une escale, une nuit peu reposante dans le ciel et un taxi, nous voilà arrivés. La ville est parsemée par des sentiers rouges s’entrecoupant, creu-sant un labyrinthe dans la végétation. Il y a des sentiers principaux et des sentiers secondaires, plus petits. Ces petits sentiers qui s’évanouissent dans la forêt nous font penser aux Aurovilliens. Des individus ayant quitté les sen-tiers battus pour s’aventurer sur des sentiers inconnus. Dans un monde en mutation où le mot « crise » est nommé quotidiennement dans les médias – crise sociale, environnementale, économique, humanitaire, politique, identitaire –, il est urgent de s’intéresser aux nouveaux sentiers que l’Homme est en train de co-créer. Nous avons sans aucun doute besoin de femmes et d’hommes qui pensent autrement, co-créent de nouvelles manières d’habiter le monde.
Nous allons dans cette analyse nous intéresser à cette ville atypique, dans laquelle nous allons avoir la chance de pouvoir séjourner plusieurs mois. Nous espérons pouvoir mettre en évidence certaines pratiques pouvant nous inspirer en Belgique dans notre travail pour la construction d’une société plus verte, plus juste et plus solidaire.

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1 La permaculture est un système de conceptions fondé sur les principes de l’écologie ; elle fournit le cadre de travail pour mettre en œuvre une culture permanente ou viable. Elle combine les divers savoir-faire et modes de vie qui doivent être redécouverts et développés pour nous donner les moyens de devenir des producteurs responsables au lieu de demeurer des consommateurs dépendants (Holmgren, 2002, cité par Hopkins, 2010, p. 134).


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